Photo : Les dégâts infligés aux équipements de l’hôpital Nasser par les bombardements israéliens, 19 mai 2025 © Motasem A Dalloul
Dans son dernier assaut contre le système de santé décimé de Gaza, Israël a de nouveau pris pour cible l’hôpital indonésien dans le nord de la bande de Gaza, cette fois à l’aide de drones, alors que ses forces mènent également une offensive terrestre dans le nord et le sud du territoire bombardé.
Des responsables de la santé ont déclaré dimanche en fin de journée que les combats autour de l’hôpital indonésien de Gaza et le « siège » militaire israélien l’avaient contraint à fermer ses portes.
Il s’agissait du principal établissement médical dans le nord après que les frappes aériennes israéliennes de l’année dernière ont également contraint les hôpitaux Kamal Adwan et Beit Hanoon à cesser de fournir des services de santé.
« L’hôpital est directement visé, y compris l’unité de soins intensifs », a déclaré le directeur de l’hôpital indonésien, le Dr Marwan al-Sultan, dans un communiqué, ajoutant que personne ne pouvait atteindre l’établissement, qui comptait une trentaine de patients et une quinzaine de membres du personnel médical.
Israël a pris pour cible les hôpitaux à plusieurs reprises au cours de la guerre de 19 mois qu’il mène contre Gaza. Les groupes de défense des droits humains et les experts soutenus par les Nations unies ont accusé Israël de détruire systématiquement le système de santé de Gaza.
Plus tôt, le Dr Muhammad Abu Salmiya, directeur de l’hôpital al-Shifa dans le nord de l’enclave assiégée, a déclaré dimanche à Al Jazeera que les dernières frappes - qui se poursuivent depuis samedi - indiquent que les attaques israéliennes contre les hôpitaux de Gaza s’intensifient.
« Les équipes médicales souffrent vraiment, et nous avons peu d’équipes médicales et de personnel ... et beaucoup de gens ont besoin de plus de soins médicaux », a déclaré Abu Salmiya par téléphone depuis l’hôpital dimanche.
Des milliers de malades et de blessés pourraient mourir, a-t-il averti. Des dons de sang sont nécessaires de toute urgence.
C’est ce qu’a souligné le ministère de la santé de Gaza, qui a confirmé que les forces israéliennes avaient assiégé l’établissement de Beit Lahiya, ajoutant qu’« un état de panique et de confusion régnait ».
Le ministère a ensuite déclaré qu’Israël avait empêché l’arrivée des patients et du personnel, « forçant de fait l’hôpital à cesser ses activités ».
Avec « la fermeture de l’hôpital indonésien, tous les hôpitaux publics du gouvernorat de Gaza Nord sont désormais hors service ».
Les établissements de santé de Gaza ont été pris pour cible à plusieurs reprises au cours de l’assaut meurtrier lancé par Israël il y a 18 mois.
Parmi les autres établissements du nord qui ont été bombardés, incendiés et assiégés par l’armée israélienne depuis le début de la guerre figurent l’hôpital Kamal Adwan, l’hôpital al-Shifa, l’hôpital al-Ahli et l’hôpital al-Awda. Des dizaines d’autres cliniques, stations et véhicules médicaux ont également été attaqués.
Le fait de prendre pour cible des établissements de santé, du personnel médical et des patients est considéré comme un crime de guerre en vertu de la Convention de Genève de 1949.
Israël a également frappé plusieurs hôpitaux dans les zones centrales et méridionales de Gaza, notamment l’hôpital Al-Aqsa de Deir el-Balah et le complexe médical Nasser à Khan Younis.
En début de semaine, Israël a frappé deux hôpitaux à Khan Younis. Neuf missiles ont frappé la cour de l’hôpital européen de Gaza et ses alentours, tuant au moins 16 personnes, tandis qu’une attaque contre le complexe médical Nasser a tué deux personnes, dont un journaliste blessé.
Les attaques incessantes contre le secteur de la santé à Gaza l’ont ébranlé, réduisant à néant sa capacité à fonctionner, tandis que les médecins affirment qu’ils n’ont plus de médicaments pour traiter les affections courantes.
Les hôpitaux sont également au bord de l’effondrement total en raison d’un blocus brutal et permanent, Israël continuant d’interdire l’entrée de fournitures médicales, de carburant et d’autres formes d’aide humanitaire, notamment la nourriture et l’eau potable, qui font cruellement défaut.
La crise à Gaza a atteint l’une de ses périodes les plus sombres, avertissent les responsables humanitaires, alors que la famine menace.
Les frappes aériennes israéliennes ont tué des centaines de Palestiniens au cours des 72 dernières heures.
Les frappes du week-end dernier ont également mis hors service l’Hôpital européen, le seul établissement de Gaza à proposer des traitements contre le cancer.
Hind Khoudary, d’Al Jazeera, en direct de Deir el-Balah, a déclaré que des dizaines de Palestiniens ont été blessés et que les médecins disent « qu’ils sont confrontés à de nombreuses difficultés pour traiter les blessures en raison du manque de fournitures médicales ».
« Les frappes aériennes israéliennes à Gaza continuent de s’intensifier alors que des drones et des avions de chasse planent dans le ciel », a déclaré Hind Khoudary.
Le nombre de morts a atteint le même niveau d’intensité qu’aux premiers jours de la guerre, a déclaré Emily Tripp, directrice exécutive d’Airwars, un groupe indépendant basé à Londres qui suit les conflits récents.
Selon elle, les données préliminaires indiquent que le nombre d’incidents au cours desquels au moins une personne a été tuée ou blessée par des tirs israéliens a avoisiné les 700 en avril. Ce chiffre n’est comparable qu’à celui d’octobre ou de décembre 2023, l’une des périodes de bombardement les plus intenses.
Selon les estimations du Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF), au cours des dix derniers jours de mars, une centaine d’enfants en moyenne ont été tués ou mutilés chaque jour par les frappes aériennes israéliennes.
Selon le ministère de la santé de Gaza, près de 3 000 des quelque 53 000 personnes tuées par Israël depuis le 7 octobre 2023 ont perdu la vie depuis qu’Israël a rompu un fragile cessez-le-feu le 18 mars.
Parmi les personnes tuées ces derniers jours figurent une pharmacienne bénévole du Fonds de secours aux enfants de Palestine, qui a été tuée avec sa famille lors d’une frappe sur la ville de Gaza le 4 mai.
Une sage-femme de l’association Al Awda Health and Community Association a également été tuée avec sa famille lors d’une autre attaque le 7 mai.
Un journaliste travaillant pour la chaîne de télévision Al Araby TV, basée au Qatar, a également été tué avec 11 membres de sa famille.
Traduction : AFPS