Nous sommes des écrivains, auteurs, artistes, universitaires, chercheurs et activistes maltais ou vivant à Malte qui – aux côtés de la population dans son ensemble – avons assisté avec horreur, jour après jour, à la destruction planifiée de Gaza et à vos réactions, au mieux timides, face à cette catastrophe provoquée des humains. Nous avons honte d’avoir tant tardé à nous exprimer collectivement. Que cette lettre compense, en partie, cette défaillance de notre part.
Les rapports indiquent qu’au moins 54 000 personnes sont mortes, dont 70 % de femmes et d’enfants. Des familles entières ont été ensevelies sous les décombres. 180 journalistes et 120 universitaires ont péri. Pourtant, dire qu’ils « sont morts » est une erreur. Ce n’est pas une catastrophe naturelle. Chacun de ces Palestiniens a été tué, beaucoup en raison d’une campagne de bombardements acharnés visant des zones densément peuplées désormais réduites en poussière. 224 travailleurs humanitaires ont été assassinés alors qu’ils accomplissaient leur devoir : sauver des vies dans les circonstances les plus extrêmes.
Les statistiques ne mentent pas, mais elles ne disent pas toute la vérité. Mort après mort violente, chaque atrocité a été commise en toute impunité par un État que vous avez hâtivement embrassé et que vous avez publiquement soutenu, diplomatiquement et symboliquement, à de multiples reprises, tout en gardant un silence glaçant face au langage génocidaire de ses représentants – « animaux humains », « Amalek », « il n’y a pas de civils innocents à Gaza » – et à sa machine de guerre lancée à plein régime.
À chaque occasion manquée de vous exprimer, vous avez choisi de détourner le regard face aux effets dévastateurs de chaque balle de sniper, de chaque missile réduisant une aire de jeux, un hôpital, une ambulance ou une foule affamée et à la recherche d’un abri.
C’est un génocide, planifié et mis en œuvre. Ne pas prendre position est abject en toute circonstance, encore plus aujourd’hui. Miser sur des équilibres géopolitiques n’est pas une option. Face à des violations massives des droits humains et à une souffrance humaine d’une telle ampleur, garder le silence quand on bénéficie d’une tribune – comme c’est votre cas – revient à être complice. Celles et ceux qui exercent des responsabilités, en particulier ceux qui aspirent à être « du bon côté de l’histoire » et qui s’expriment au nom de tous les Européens – comme vous le faites régulièrement – sont tenus de mener le combat le plus clair et le plus ferme contre ceux qui commettent nettoyage ethnique et génocide.
Dr Metsola, vous avez totalement échoué à ce moment crucial à défendre ce qui est juste alors qu’une catastrophe provoquée par des humains se déroulait à nos portes, facilitée par des politiques et des armes européennes. Il est difficile de comprendre comment vous pouvez continuer à agir comme si de rien n’était, entourée de photographes et de caméras.
Lorsque le Hamas a lancé son attaque odieuse le 7 octobre, vous avez rapidement condamné l’attaque et exprimé votre solidarité avec Israël. C’était la bonne chose à faire. Vous vous êtes tenue solennellement devant le Parlement européen et vous avez déclaré que ce n’était pas le moment pour des tergiversations. Dr Metsola, et qu’en est-il des actions génocidaires d’Israël ? Pourquoi aucune cérémonie officielle dans l’agora Simone Veil pour les milliers d’innocents tués par Israël ? Pourquoi ce double standard ?
Pourquoi cette lâcheté ?
Concernant les journalistes, l’hypocrisie est flagrante. Vous réclamez à juste titre justice pour Daphne Caruana Galizia, en dénonçant ceux qui étaient politiquement responsables du climat ayant conduit à son assassinat – mais vous n’avez rien dit sur l’assassinat ciblé de Shireen Abu Akleh ni sur les centaines d’autres journalistes tués, mutilés ou pulvérisés par Israël ces 20 derniers mois. Votre seul commentaire fut : « trop de journalistes sont morts » quand un journaliste vous a interrogée ? Était-ce tout ce que vous aviez à dire ?
En tant que citoyens et résidents maltais, nous avons honte de vous. Ce dont le monde a besoin, ce ne sont pas de politiciens lâches et calculateurs. Avoir une Maltaise à un poste européen élevé – aussi symbolique soit-il – aurait pu être un honneur pour notre nation, si vos silences, vos choix de mots et vos doubles standards ne nous choquaient pas autant. Nous exigeons que nos dirigeants aient une colonne vertébrale morale : qu’ils s’expriment clairement face à une opération de nettoyage ethnique annoncée.
Il n’y a pas si longtemps, vous vous êtes fièrement présentée aux élections avec une plateforme prônant l’État de droit, dénonçant sans compromis la corruption intérieure. Vous avez marqué les esprits en refusant de serrer la main du Premier ministre de l’époque – un geste fort. Mais ce geste semble désormais creux, à la lumière de votre silence assourdissant alors qu’Israël, mois après mois, intensifiait ses attaques contre une population civile. Vous avez démontré que vous pouviez être courageuse quand vous le vouliez : quelques jours après l’invasion russe de l’Ukraine, vous avez pris position, fermement et continuellement. Mais face au martèlement d’un peuple sous occupation par Israël, vous êtes restée presque totalement muette : une réponse furtive par ci, un vague communiqué sur la « solution à deux États » par là, toujours dans les tons les plus feutrés.
Vous avez récemment déclaré : « Je suis extrêmement consciente de la responsabilité que j’ai en tant que présidente du Parlement européen ». Nous sommes désolés de vous dire que non, vous ne nous représentez pas. Nous attendons bien mieux de nos dirigeants. Par ces doubles standards, vous avez contribué à saper la légitimité morale de l’Europe. Vous avez porté atteinte aux valeurs universelles de liberté, démocratie, État de droit, responsabilité et justice que nous chérissons. Vous avez joué votre rôle symbolique dans la remise en cause du droit international par votre indignation sélective et votre mise en scène morale dictée par l’opportunisme politique. Ce moment exige de reconnaître l’échec moral de nombreuses institutions face à la plus grande catastrophe humanitaire provoquée par des humains de notre époque, sur les rives de notre Méditerranée.
Permettez-nous de citer quelques experts, organisations et institutions qui ont écrit, sans ambiguïté, sur ce que vous avez choisi d’ignorer, ou pire, de ne pas reconnaître ni dénoncer. Les preuves de génocide sont innombrables. William Schabas, auteur de Genocide in International Law : The Crime of Crimes, définit ce qui se passe à Gaza comme un génocide. John Quigley, auteur de The Genocide Convention : An International Law Analysis, l’affirme aussi clairement. Dirk Moses, auteur de The Problems of Genocide, ne doute pas que les actions d’Israël à Gaza relèvent du génocide.En 2024, après cinq mois d’opérations militaires israéliennes, la Rapporteuse spéciale Droits Humains de l’ONU dans le Territoire Palestinien Occupé, Francesca Albanese, a déjà alerté en détail dans son rapport Anatomy of a Genocide.
Les rapports de 297 pages d’Amnesty International et de 179 pages de Human Rights Watch documentent crime après crime les atrocités commises à Gaza, concluant à une extermination et à un génocide. Même d’anciens responsables israéliens – Ehud Olmert et Moshe Ya’alon – reconnaissent les crimes de guerre et le nettoyage ethnique en cours.
Itamar Ben-Gvir et Bezalel Smotrich ont appelé ouvertement à l’anéantissement de tous les Gazaouis. Où est donc votre condamnation claire de ces propos génocidaires ? La Cour pénale internationale a émis des mandats d’arrêt contre Benjamin Netanyahou et Yoav Gallant pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
Les mots comptent – plus que jamais.
Et pourtant, jusqu’à aujourd’hui, vous vous êtes contentée de qualifier la réaction d’Israël de « disproportionnée ». Lorsque vous êtes poussée à répondre – comme récemment à Copenhague – vous parlez de « situation humanitaire à Gaza », comme s’il s’agissait d’un séisme ou d’une inondation. Vous dites, au mieux, que « des innocents sont tués ». Mais par qui ? Dans quel but ? En violation de quelles lois ? Vous ne le dites jamais, Dr Metsola. Même dans un contexte de crime « classique », votre langage serait déjà insuffisant. Mais ici, votre réticence à parler avec clarté est profondément alarmante.
Votre visite éclair à Gaza, organisée et chorégraphiée par l’armée israélienne, que vous présentez comme une action, ne fait même pas le poids face à ce que vos actes – et vos mots – auraient dû être au cours des 20 mois de souffrance humaine programmée que nous avons vécus.
Le pouvoir et la fonction que vous occupez exigeaient bien plus. En ce moment clé, vous trahissez les centaines de milliers de citoyens européens qui attendent que leurs représentants défendent ce qui est moralement juste. Ce reniement total de nos principes fondamentaux n’est pas seulement le résultat d’un calcul politique cynique – c’est une catastrophe pour la crédibilité morale de l’Union européenne dans le monde.
Alex Vella Gera – Auteur
Karl Schembri – Auteur et travailleur humanitaire
Immanuel Mifsud – Auteur et professeur
Kurt Borg – Auteur et chargé de cours
Clare Azzopardi – Autrice
Albert Gatt – Universitaire, professeur à l’Université d’Utrecht et de Malte
Miriam Calleja Shaw – Poétesse
Klara Vassallo – Poétesse
Joe Pace – Auteur
Maria Frendo – Universitaire et musicienne
Justine Somerville – Chargée de cours
Yosanne Vella – Professeure
Simone Galea – Professeure et autrice
Reuben John Grima – Professeur
John P. Portelli – Auteur et professeur émérite à l’Université de Toronto
James Debono – Journaliste
Matthew Vella – Journaliste
Jurgen Balzan – Journaliste
Mario Vella – Musicien
Glen Calleja – Auteur et éditeur
Lydia Zammit – Chargée de cours indépendante
Marco Galea – Professeur
Ralph Cassar – Maître de conférences senior à MCAST
Jacqueline Rotin – Chargée de cours et militante
Joseph Gravina – Chargé de cours
Adrian Stivala – Ancien maître de conférences senior à l’Université de Malte
Aleks Farrugia – Écrivain
Karm Serracino – Universitaire
Jean-Paul De Lucca – Professeur
Daniela DeBono – Professeure
David E. Zammit – Professeur
Ibtisam Sadegh – Chargée de cours
Jean Paul Borg – Traducteur
John Aquilina – Auteur
Josephine Ann Cutajar – Professeure
Louise Chircop – Chargée de cours
Romeo Roxman Gatt – Artiste
Liam Agius – Auteur
Keith Borg – Auteur
Priscilla Cassar – Militante
Robert Louis Fenech – Journaliste et militant
Maurice Said – Chargé de cours
Mohamed Ali Aguerbi – Militant
Marta Vella – Artiste
Michael Grech – Chargé de cours
David Agius Muscat – Chargé de cours
Keith (Kit) Azzopardi – Chargé de cours
Yana Mintoff – Militante
Leanne Ellul – Autrice et chargée de cours
Stefano Gualeni – Auteur et universitaire
Gilbert Gravino – Médecin et chercheur
Liza Caruana-Finkel – Chercheuse et militante
Kenneth Scicluna – Réalisateur et chargé de cours
Alex Caruana – Militant
Anna Zammit – Chargée de cours
Raymond Michael Fabri – Chargé de cours
Noel Agius – Chargé de cours
John Paul Cauchi – Universitaire et militant
Angela Deguara – Universitaire et militante
Mary Grace Vella – Universitaire et militante
Vincent Caruana – Chargé de cours
Claudia Gauci – Autrice
David Aloisio – Auteur et universitaire
Rachelle Deguara – Artiste
Therese Camilleri – Universitaire
Robert Attard – Artiste et militant
Lara Calleja – Autrice
Nina Musumeci – Artiste et militante
Antoine Cassar – Auteur
Raylene Abdilla – Chargée de cours et chercheuse
Loranne Vella – Autrice et éditrice
Joe Gatt – Auteur et éditeur
Omar N’Shea – Auteur et chargé de cours
Davinia Hamilton – Autrice
Noah Fabri – Musicien et auteur
Warren Bartolo – Auteur
James John Bugeja – Chargé de cours
Daniel Vella – Universitaire et auteur
Gabriel Zammit – Conservateur et écrivain
Francesca Zammit – Artiste et militante
Alexander Vella Gregory – Compositeur et chargé de cours
Stephanie Sant – Artiste
Gilbert Calleja – Universitaire
Arnold Cassola – Professeur et homme politique
Claire Azzopardi Lane – Chargée de cours
Sammy Meilaq – Ancien syndicaliste
Wayne Flask – Militant
Adrian Grima – Auteur
Chris Gruppetta – Éditeur
Belle de Jong – Journaliste
Walid Nabhan – Auteur
Julia Alegre Mouslim – Chercheuse Marie Curie
Maria Borg Vella – Enseignante
Raphael Borg – Enseignant
Marvic Camilleri – Militante et artiste
Angele Galea – Artiste engagée
Luke J. Buhagiar – Universitaire
Marija Vella – Militante
Sammy Vella – Militant
Maria Sammut – Architecte, assistante en travail social
Matthew Agius – Chargé de cours
Abigail Muscat – Scientifique
Samuel Muscat – Scientifique
Fabio Spiteri – Athlète ultra
Stephen Cachia – Auteur
Michelle Attard Tonna – Chargée de cours
Carlos Zarb – Militant
Eman Farrugia – Étudiant militant
Charles Flores – Auteur et journaliste
Alec Farrugia Cachia – Militant
Antonio Dato – Ancien ouvrier des chantiers navals
François Zammit – Chercheur doctorant
Irene Mangion – Traductrice
Nil Ramos – Traducteur
Cynthia Amato – Responsable de projet
Caroline Morales – Militante
Mary Sammut – Responsable
Marthese Formosa – Militante
William Grech – Militant
Liża Mallia – (non précisé)
Anna Calleja – (non précisé)
Andreas Borg – Étudiant
Matthew Borg – Militant
James Sater – Professeur
Anna Khakee – Professeure
Ryan Falzon – Artiste et auteur
Riccardo Alessio Oliva – (non précisé)
Andre Callus – Militant
Christine Cassar – Militante
Ruth Chircop – Militante
Rossann Delia – Militante
Martina Camilleri – Militante
Miguel Azzopardi – Chercheur et militant
Rafel Grima – Militant
Ruth Mercieca – Militante
Karen Tanti – Militante
Gabriel Apap – Syndicaliste
Sarah Schembri – Chercheuse et militante
Amy Theuma – Artiste et militante
Claria Cutajar – Militante
Samuel Zammit – Militant
Amy Marie Abela – Militante
Tokyo Attard – Militant
Terence Muscat – Militant et ingénieur
Jacob J. Micallef – Militant et enseignant
Jana Farrugia – Militante
Giulia Bertone – Militante
Eric Castillo – Militant
Matthew Agius – Militant
Maya d’Ugo – Chercheuse
Josef Florian Micalllef – Militant et chargé de cours
Justin Zarb – Analyste de données
Sarah Mallia – Productrice de films
Debbie Caruana Dingli – Artiste
Michaela Mallia – Architecte
Colin Calleja – Professeur et doyen de la faculté d’éducation
Kevin Saliba – Écrivain
Dominik Kalweit – Militant
Cedric Farrugia – Militant
Chief Nyamweya – Producteur de films
Mark Anthony Fenech – Auteur
Roberta Buhagiar – Avocate, ancienne commissaire aux réfugiés et directrice de l’Agence de protection internationale
Anthony Mallia – Artiste
Patrick Galea – Musicien
Raffaella Zammit – Artiste et militante
Victor Jacono – Créateur de théâtre et enseignant
Omar Rababah – Travailleur social et militant
Antoinette Borg – Écrivaine
Alexia Baldacchino – Artiste
Caroline Gatt – Anthropologue et chercheuse senior à l’Université Karl-Franzens de Graz
Mark M. Scerri – Maître de conférences senior
Charlene Fabri – Militante
Kristina Christensen – Chercheuse
Silvan Agius – Auteur
Carl Barthet – Artiste
Matthew Pandolfino – Artiste
Cheryl Camilleri – Artiste
Alfred Micallef – Ancien docker
Matthew Dimech – Économiste
Matthew Attard – Chargé de cours et artiste
Claudine Borg – Universitaire
Marilyn Mallia – Universitaire
Bernard Micallef – Professeur
Gabriel Schembri – Auteur
Francesco Grech – Auteur
Peter Mayo – Professeur
Isabelle Ragonesi – Professeure associée
Alexia DeBono – Militante et écrivaine
Edward Fenech – Comptable
Kurstin Gatt – Chargé de cours
Dr Maria Ali – Psychologue
Kristina Borg – Artiste et militante
Michael Spagnol – Universitaire
Adrian Buckle – Producteur de théâtre
Ruben Abela – Architecte et militant
Michael Deguara – Universitaire et psychothérapeute
Josanne Cassar – Chroniqueuse d’opinions
Yusef Dwah – Militant
Mark Mifsud – Pharmacien
Samwel Mallia – Graphiste et musicien
Maria Grech Ganado – Écrivaine
John Cremona – Avocat
Matthew Schembri – Artiste et auteur
Elizabeth Grech – Poétesse et traductrice
Michelle Pace – Professeure en études globales à l’Université de Roskilde (Danemark)
David Samuel Hudson – Auteur et tuteur
Tina Braxton – Historienne et militante
Ahmed Lamlum – Militant pour les droits humains
Rita Saliba – Autrice